Nous vivons une époque où tout s’accélère, se digitalise, s’automatise. La technologie simplifie nos gestes quotidien, mais elle complique ce qui compte vraiment : le lien, la confiance, la compréhension.

Peu à peu, sans qu’on s’en rende compte, la parole se raréfie. On hésite à dire ce qu’on pense, par peur d’être mal compris, jugé ou étiqueté. Les échanges sont devenus virtuels, les amitiés parfois aussi. Un message, un like, une visioconférence prennent la place des vraies conversations, des regards, des gestes simples. Le progrès nous connecte et nous éloigne à la fois, si bien que l’humain, le vrai, se fait rare.

Dans ce monde qui ne s’arrête jamais, beaucoup de nos aînés se sentent perdus. Eux qui ont grandi dans un univers paisible, mais profondément humain, où une poignée de main valait engagement, regardent avec stupeur cette époque où tout va vite et où tout se complique. Ils doivent désormais se méfier des appels suspects, des courriels frauduleux et des promesses trop belles pour être vraies, si bien que la confiance a cédé la place à la méfiance.

Ils ont traversé des bouleversements que peu d’entre nous peuvent vraiment imaginer : Du cheval de trait au tracteur, de la lampe à pétrole à l’électricité, du lavoir à la machine à laver, du train à vapeur au TGV, de l’encrier au tableau numérique, de la radio au smartphone, du courrier manuscrit au courriel instantané, etc… Ils ont connu l’arrivée de l’électricité, des téléphones, des ordinateurs, et maintenant de l’intelligence artificielle et ils ont su s’adapter, souvent en silence mais toujours avec humilité. Mais aujourd’hui, ce n’est pas le progrès qui leur fait peur, c’est le sentiment d’être laissés de côté dans un monde sans visage.

Pour celles et ceux qui ont grandi avec Internet, les réseaux sociaux et les smartphones, le monde numérique est une évidence, mais n’oublions pas celles et ceux qui ont tracé le chemin. Un monde qui avance sans ceux qui l’ont bâti est un monde qui risque de perdre sa mémoire… et peut-être, un peu de son âme.

Il est temps de rendre à chacun, quel que soit son âge, le droit d’être écouté, respecté et accompagné.


2 réponses à « Un monde sans visages »

  1. Avatar de Franck LE COZ
    Franck LE COZ

    Un article écrit avec justesse et humilité et auquel nous devrions tous réagir : merci Eric ! Dans un monde où tout s’accélère, où la règle de calcul s’inscrit uniquement dans l’exponentialité et où l’homme prend le visage d’un humanoïde parfaitement froid, les poignées de mains se raréfient et nous nous sentons déjà tous dépassés.

    Mais dépassés par quoi ou par qui, au juste ?

    Par l’illusion d’une vie meilleure et d’une optique folle décrétée par une poignée de milliardaires insatiables et une armée de petits génies informatiques qui n’ont plus aucune conscience des dégâts irreversibles de l’hydre technologique qu’ils ont créée de toute pièce qui nous a déjà tous dépassés et qui se résume en 2 lettres : l’IA.

    Je ne cesse de le répéter au risque de passer pour un fou acariâtre et conservateur : le point de non retour est déjà atteint, sauf ………………………………………………. si l’humanité réagit d’un seul et unique bloc, très rapidement et de façon extrêmement virulente. Comment ?En exigeant de nos gouvernants un moratoire sur l’IA, comme le mouvement PAUSE IA : https://pauseia.fr/ qui tente de se frayer un chemin humaniste dans cette jungle de robots et d’algorithmes démoniaques.

    Sous couvert de transhumanisme et de réalité augmentée des personnages cyniques comme Laurent Alexandre l’annoncent clairement : d’ici très peu de temps, nous aurons clairement 2 catégories d’êtres humains qui vont se profiler à l’horizon 2030. Ceux qui auront un QI augmenté par puce électronique et les autres : la plèble, les vieux, les jeunes, les incapables, les médiocres, les fainéants qu’il regroupe sous un vocable très évocateur : les INUTILES !

    Nous devrions voir fleurir sur les réseaux sociaux tellement plus d’articles comme le tien Eric pour nous rappeler d’où l’on vient avant de nous vouloir nous « éduquer » vers où l’on va, c’est à dire le précipice.

    Encore un grand merci à toi Eric, je sais que je suis toujours un peu long à développer, mais là je crois que c’est mon devoir d’écrivain humaniste que de relayer tes mots si justes !

    J’aime

    1. Avatar de erichardy1962
      erichardy1962

      Merci Franck, 

      j’accepte ton message avec grand plaisir, même s’il est un peu long 😄 mais le sujet le mérite largement.

      Tu mets des mots justes sur un malaise que beaucoup ressentent sans forcément réussir à l’exprimer et nous pousse à réfléchir, à ne pas rester passifs face à ce virage technologique qui nous dépasse.

      Et ne t’excuse surtout pas d’être long, bien au contraire car c’est grâce à des messages comme le tien qu’on peut garder un peu de hauteur, de conscience, et surtout d’humanité.

      Encore merci à toi 🙏

      J’aime

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Eric Hardy Auteur

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture