Après cinq mois passés en maison de repos, Evelyne est rentrée à la maison. Je dois avouer que son retour me préoccupait, car je ne me sentais plus capable de lui apporter le soutien et l’énergie que je lui offrais auparavant. Je me suis questionné sur la légitimité de cette fatigue et de ces doutes.
Avant sa sortie, j’ai voulu tout préparer pour qu’elle se sente bien à la maison. Mais le manque d’organisation du centre a compliqué les choses, et obtenir une réunion de préparation a été un véritable défi. Malgré cela, j’ai fait quelques aménagements pour qu’elle puisse se déplacer facilement avec son déambulateur, en imaginant déjà son retour.
Nous avons mis en place un service d’aide à domicile pour l’assister chaque matin dans sa toilette, y compris le week-end, afin de me soulager de ces tâches quotidiennes. Une promenade hebdomadaire de deux heures était aussi prévue. Une personne de l’APA (Allocation Personnalisé d’autonomie ) est venue nous rencontrer pour évaluer un soutien financier adapté à nos besoins. Cependant, le coût des services à domicile reste très élevé. Même si ces tarifs sont sans doute justifiés, ils dépassent largement nos moyens, malgré l’aide modeste qui nous a été accordée. Nous devons donc renoncer à la promenade et réduire les prestations à cinq jours par semaine.
Cette situation me ramène, malgré moi, au même schéma : l’aidant, seul face à tout. Cela me met en colère. Je me retrouve seul à porter une charge que je pensais ne plus avoir, tout en gérant les courses, la cuisine, les lessives, et un travail en pleine expansion.
Malgré tous les efforts pour organiser le retour d’Évelyne, je me retrouve encore une fois seul face aux responsabilités du quotidien, sans le soutien espéré. Cela montre bien le décalage entre les promesses faites aux aidants et la réalité qu’ils doivent affronter. Mais j’avance, malgré tout, en espérant trouver un équilibre entre mes responsabilités et mon développement professionnel.
