Pendant la crise du COVID, chaque soir à 20 heures, les balcons de France résonnaient d’applaudissements en l’honneur des soignants. Ces femmes et ces hommes qu’on appelait alors les héros du quotidien, à qui l’on jurait qu’on ne les oublierait jamais.
Mais une fois l’urgence passée, beaucoup ont été mis de côté. Certains suspendus pour avoir refusé de se faire vacciner, d’autres laissés seuls dans des conditions de travail toujours plus dures, sans reconnaissance ni répit. La solidarité, si vive, si bruyante, a fondu comme neige au soleil.
Depuis, ce scénario se répète à chaque crise. On s’émeut pour les pompiers épuisés, parfois caillassés. On soutient les policiers endeuillés, on compatit avec les enseignants menacés, on rend hommage aux militaires tombés. Et puis on oublie, comme si chaque cause n’avait droit qu’à quelques jours d’indignation avant de sombrer dans le silence.
Cette mécanique de division n’est pas un hasard. Depuis des années, on oppose les uns aux autres : public contre privé, jeunes contre retraités, vaccinés contre non-vaccinés. On exploite les tensions, on attise les clivages, on détourne l’attention. Diviser pour mieux régner… Une méthode vieille comme le monde, mais toujours redoutablement efficace.
Aujourd’hui, ce sont les agriculteurs qui prennent la parole. Ils disent leur épuisement, leur isolement, leur détresse. Et une fois encore, beaucoup préfèrent détourner les yeux plutôt que d’affronter la réalité en face.
La vraie solidarité, ce n’est pas une émotion dictée par l’actualité. C’est un engagement durable, une présence constante aux côtés de ceux qui font tenir ce pays. Soignants, pompiers, enseignants, militaires, agriculteurs… ces piliers que l’on oublie trop souvent, jusqu’au jour où tout craque.
Et ce jour-là, il sera trop tard pour dire qu’on ne savait pas.
Parce que la vraie force d’un peuple ne naît jamais de la division mais de la solidarité. Elle donne du sens, elle tisse du lien, elle protège. Elle ne demande pas grand-chose, juste oser regarder l’autre autrement, non comme un ennemi mais comme un allié.
Et si c’était ça, le vrai début du changement ?
